Des journalistes saoudiens à Trump : nous attendons des accords sur la création d’un Etat palestinien et sur la lutte contre la menace iranienne – pas une simple visite de courtoisie

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A la veille de la visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite, deux journalistes saoudiens – le rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Jazirah et un éditorialiste du quotidien Al-Watan – publient des articles s’adressant au président américain. Ils y félicitent Trump d’avoir fait de l’Arabie saoudite la première étape de son premier voyage à l’étranger en tant que président, et l’assurent qu’il trouvera en leur pays un allié loyal.

Dans le même temps, les deux auteurs expliquent que les dirigeants et les peuples arabes des pays arabes attendent de la visite du présent américain qu’elle débouche sur un accord relatif à la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël dans les frontières de 1967, sur la base de l’initiative de paix arabe et des résolutions internationales, ainsi que sur un accord relatif au combat contre la menace iranienne dans la région, menace qui se serait précisée au lendemain de l’accord sur le nucléaire conclu sous l’administration Obama. Il est essentiel, affirment-ils, que cette visite soit plus qu’une simple visite de courtoisie ou de protocole. Extraits : 

Un éditorialiste d’Al-Watan : Ne soyez pas une nouvelle version d’Obama


L’universitaire et éditorialiste Ali Sad Al-Moussa écrit dans Al-Watan : “Monsieur le Président, permettez-moi de vous ramener huit ans en arrière, à l’époque où le tristement célèbre [président] Barack Obama est arrivé ici. Il a quitté Ryad pour donner son fameux discours à l’université du Caire. Je peux vous dire, M. le Président, presque avec passion, que les rues des pays arabes et musulmans se sont presque entièrement immobilisées pour l’écouter. C’était un discours philosophique, dans un style universitaire qui ressemblait à celui d’un maître de conférences de l’université donnant un cours de science politique.

Mais au fil du temps, il est devenu clair à nos yeux que ce discours ne convenait pas au dirigeant d’une puissance mondiale comme les Etats-Unis. Il a nous a fait miroiter toutes les promesses [possibles], mais durant les huit années [suivantes], pas un seule tentative n’a été menée pour appliquer la moindre ligne de ce qui avait été dit dans son discours. Il a fait des promesses qu’il n’était pas en mesure de tenir.

  1. le Président, Barack Obama et Hillary Clinton réunis constituaient une alliance du vaincu et du faible. Le Moyen-Orient ne s’est jamais, dans toute son histoire, autant embrasé qu’avec cette alliance sur le fauteuil présidentiel – et je ne parle pas de la politique destructrice menée dans cette région essentielle du monde – politique qu’Hillary [Clinton], selon nous, a contribué à définir.

Pour dire les choses clairement, le monde sait très bien que durant ses deux dernières années [au pouvoir], Barack Obama était aux ordres de Vladimir Poutine, et qu’il était un joueur de second plan à côté de lui. Cela a été la plus des grande des humiliations pour les Etats-Unis. Barack Obama ne faisait que contempler de côté le spectacle [régional] écœurant, tout en permettant à Téhéran d’occuper effectivement – et pas simplement de manière théorique – la Syrie, l’Irak, le Liban et le Yémen, et de choisir, à partir du séminaire de Qom [principal centre d’enseignement de l’islam chiite, N.d.T.], qui dirigerait [leurs capitales]. Pendant ces huit années, Ryad a résisté seule à cette expansion iranienne…

En résumé, M. le Président, nous ne voulons pas qu’un dirigeant américain comme vous vienne nous voir avec un nouveau discours, comme l’a fait Obama avant vous. Nous sommes pessimistes et allergiques aux promesses et aux discours, M. le Président, nous connaissons notre principal et seul ennemi dans la région [l’Iran], et nous le connaissons mieux depuis ces huit dernières années, car il nous a fait subir ce qu’il n’avait pas pu nous faire lors des 40 années [précédentes].

  1. le Président, vous allez découvrir que Ryad est un allié loyal et indépendant et le seul à détenir toutes les clés d’une solution sage et modérée [aux crises de la région]. Tout ce que nous [vous] demandons est de ne pas être une nouvelle version d’Obama”.[1]

Le rédacteur en chef d’Al-Jazirah : Sans une solution au conflit israélo-palestinien, nous ne sortirons jamais du tunnel du terrorisme

Khaled Al-Malik, rédacteur en chef du quotidien gouvernemental saoudien Al-Jazirah, écrit pour sa part : “Noble Président Trump… Vous allez bientôt visiter le royaume d’Arabie saoudite, dans le cadre de votre première visite en dehors des Etats-Unis depuis votre élection. C’est un précédent qui s’accorde avec vos positions courageuses et surprenantes… C’est un acte sage et intelligent, qui aura des ramifications directes et indirectes, et il atteste de la nature particulière d’un dirigeant et d’une qualité de dirigeant historique, qui lit la réalité, comprend les questions importantes et y cherche des solutions.

M. le Président, vous venez à Ryad pour rencontrer les dirigeants du monde islamique et arabe, le cœur de l’arabité et de l’islam, au cours d’un événement très important. Vous allez rencontrer le roi Salman bin ‘Abd Al-‘Aziz… avec ses frères dirigeants du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et les dirigeants arabes, et avec ses frères dirigeants des pays musulmans, réunion politique sans précédent. Tous ces dirigeants, parmi lesquels se trouvent des rois, des émirs et des présidents, espèrent que votre visite mènera à des accords entre vous et eux et à des résultats qui mettront fin au terrorisme, lequel a si durement frappé la région et le monde, et à une coopération authentique, dans le but de trouver une solution aux questions non résolues”.

« La clé de la paix : un Etat palestinien aux côtés d’Israël, conformément à l’initiative de paix arabe et aux résolutions internationales »

« M. le Président, nous ne voulons pas que votre visite soit une simple visite de courtoisie, ou de protocole. Nous ne voulons pas non plus signer des accords qui resteront sur le papier et non appliqués – ou qui seront mollement appliqués et ne parviendront pas à atteindre l’objectif de votre rencontre avec ces dirigeants. Ces dirigeants ont répondu à l’invitation [de vous rencontrer] et sont intéressés à le faire, et ils viennent désireux d’accepter ce que tout le monde accepte, afin de servir la paix et la stabilité dans notre région et dans le monde, après des années de souffrances dues à l’instabilité et à la propagation du terrorisme que le monde n’a pas pu enrayer, en laissant [ses auteurs], ses partisans et ses sponsors libres [d’agir], au lieu de leur demander des comptes.

  1. le Président, permettez-moi de vous dire que la clé pour parvenir à la paix et à la stabilité, pour éliminer le terrorisme et pour obtenir la sécurité pour tous les peuples du monde, se trouve dans la résolution de la crise au Moyen-Orient et en mettant fin à la grave crise israélo-palestinienne. [Cela doit être fait] conformément aux résolutions internationales, en créant un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël comme convenu, et en résolvant tout ce qui l’entrave ici, selon l’initiative de paix arabe que tous les Arabes ont acceptée…

Aussi longtemps que le conflit israélo-palestinien ne sera pas résolu, aucune solution permettant de nous faire sortir du tunnel du terrorisme ne sera efficace. Les terroristes des deux côtés ont utilisé cette question [pour justifier] les assassinats, pour fomenter le chaos et les guerres internes, et pour créer des tensions dans notre région, qui finiront par se répandre en dehors de la région.

A ce jour, aucune réflexion sérieuse n’a été consacrée à la manière de résoudre le problème, et rien n’a été fait pour empêcher les Arabes et les musulmans de rivaliser en invoquant des slogans extrémistes au nom du problème palestinien. Du côté israélien également, on prétend que la solution à deux Etats est un danger – et même un danger existentiel. Ceci alors que, comme vous le savez, les Palestiniens, les Arabes et les musulmans ne demandent pas plus aujourd’hui que [de récupérer] les territoires occupés par Israël en 1967 afin d’y établir leur Etat avec Jérusalem pour capitale aux côtés d’un Etat israélien dans les frontières d’avant 1967 – formule rejetée par les extrémistes des deux côtés”.

« Le sommet doit aborder le sujet de la menace iranienne dans la région  – et le soutien de l’Iran au terrorisme »

« M. le Président, je ne veux pas être trop long dans cette lettre. Mais je ne peux pas garder le silence sur le réacteur nucléaire iranien et l’accord conclu avec le régime iranien, en vertu duquel [le programme nucléaire de l’Iran] est retardé en échange du dégel des comptes bancaires iraniens dans les banques internationales et de la coopération économique et politique avec [le régime iranien]. [Cet accord] a suscité l’appréhension des pays de la région, en particulier des pays du CCG, en ce qu’il a engendré une situation où la mainmise iranienne sur la région se voit renforcée par une coopération internationale laxiste et le mépris de l’ingérence iranienne dans les affaires des pays arabes, laquelle menace la paix et la stabilité régionales.

Par conséquent, nous espérons qu’un des principaux sujets de discussion lors de votre visite en Arabie saoudite et de votre rencontre avec le roi Salman, et les autres dirigeants arabes et musulmans, sera la menace iranienne pour la sécurité régionale, qui encourage le terrorisme, et son soutien à l’extrémisme qui a déstabilisé notre région et l’a exposée aux attaques terroristes… »[2]

[1] Al-Watan (Arabie saoudite), 8 mai 2017.

[2] Al-Jazirah (Arabie saoudite), 14 mai 2017.

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Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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