Ces dernières semaines, le camp idéologique iranien a intensifié ses menaces à l’encontre du chef du camp pragmatique et président du Conseil du Discernement Hashemi Rafsanjani. Des appels à le poursuivre en justice ont été entendus ; il arrive d’ailleurs que certains de ses proches soient emprisonnés – et il est régulièrement qualifié de déviant, traître, accessoire et porte-flambeau de ce que le camp idéologique appelle « la fitna de 2009 », soit les troubles civils survenus après les élections présidentielles. Rappelons que les dirigeants de ce mouvement – l’ancien Premier ministre Mir-Hossein Moussavi et son épouse, et l’ancien président du Majlis Mehdi Karroubi – sont en résidence surveillée depuis 2011.
Concernant Rafsandjani, les déclarations des membres du camp idéologique sont dures, voire violentes. Ce ton témoigne de l’antipathie du régime envers l’homme considéré comme le chef de file de l’initiative d’ouverture vis-à-vis des États-Unis et de l’Occident, ouverture qui a mené au JCPOA – alors que le Guide suprême Ali Khamenei considère les Etats-Unis comme un ennemi avec lequel l’Iran ne doit pas composer. Notons que le camp idéologique considère le JCPOA comme un outil utilisé par le camp pragmatique et par les Etats-Unis pour l’écarter du pouvoir.
Rafsandjani est perçu par le camp idéologique comme une menace existentielle pour son régime et pour le contrôle des institutions du pays. La lutte qui oppose actuellement les camps idéologique et pragmatique, et notamment le différend personnel entre les dirigeants respectifs de ces camps, dure depuis au moins trois ans, et a atteint son point culminant (voir Enquête et analyse n° 1137 de MEMRI, The Power Struggle Between Khamenei And His Camp And Rafsanjani And His Camp – Part XIV, le 21 janvier 2015, et Dépêche spéciale n° 5794 de MEMRI, The Rafsanjani-Khamenei Struggle Escalates Into Open, Direct Confrontation, 13 juillet 2014).
Récemment, la fille de Rafsandjani, Faezeh Hashemi, a été photographiée avec une activiste bahai, une ancienne codétenue. La rencontre entre les deux femmes a incité le camp idéologique à prendre des mesures juridiques immédiates contre Rafsanjani lui-même. Le régime considère le bahaïsme comme une secte déviante et illégitime. Ses membres sont persécutés et se voient refuser les droits civils et religieux. Il considère également les bahaïs comme des collaborateurs avec Israël et les États-Unis. Si Rafsanjani s’est démarqué des actions de sa fille, le camp idéologique les considère toutefois comme une preuve valable de sa propre trahison.
Suite à l’énorme pression et aux menaces dirigées contre lui, il semble que Rafsanjani ait dû renoncer à sa candidature à la tête de l’Assemblée des experts, bien qu’ayant remporté les élections générales de l’Assemblée en février 2016.
Même après la nomination de son rival, l’ayatollah Ahmad Jannati, à ce poste, les attaques contre Rafsanjani n’ont pas cessé. L’agence de presse Tasnim, affiliée au CGRI (Corps des Gardiens de la révolution islamique), a publié un article prédisant la mort de Rafsanjani, le qualifiant de pion des Britanniques et de la BBC. L’article considère que puisqu’il n’a pas été choisi pour être président de l’Assemblée, et ne peut donc plus servir les Britanniques, ils n’ont plus besoin de lui, et il leur sera plus utile mort que vivant.
Dans ce contexte, il est possible que le régime iranien continue de harceler les proches et associés de Rafsandjani, ou s’en prenne à sa propre personne.
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