La militante égyptienne pour les droits des femmes Nawal El Saadawi : les femmes permettent la tyrannie de leurs maris

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La militante égyptienne pour les droits des femmes Nawal El Saadawi s’est récemment exprimée au sujet de la tutelle masculine et a relaté sa propre expérience et ses trois divorces. “Mon esprit ne peut accepter la domination d’un esprit moindre, d’un idiot”, a-t-elle dit. Les femmes redoutent le divorce, a-t-elle relevé, mais “le divorce vous rend libre”. “Il n’existe aucun mari tyrannique, nulle part dans le monde, dont la femme ne rend pas possible la tyrannie”, a encore dit El Saadawi, qui appelle à éduquer autrement. Elle s’exprimait le 11 août lors du festival de Twiza à Tanger, au Maroc, festival dont elle était l’invitée d’honneur.

Dr. Nawal El Saadawi : Quelle est la signification de la tutelle masculine ? La tutelle devrait être accordée à quelqu’un de plus sage. Je me suis mariée trois fois et Dieu merci, j’ai divorcé de tous les trois [rires]. Pourquoi? Parce que je ne suis pas une personne qui… Je suis une personne normale et raisonnable, mais mon esprit ne peut accepter d’être dominé par quelqu’un de moins intelligent, par un idiot… Lorsque mon mari… Laissez-moi vous donner un exemple de tutelle masculine : mon second mari était avocat. Il connaissait la loi et voulait me dominer au moyen de la loi, au nom de la tutelle masculine, et tout cela… Alors je me disputais avec lui. Ensuite j’ai étudié le droit pour être en mesure d’argumenter avec lui.

Il ne pouvait pas discuter avec moi de médecine parce qu’il n’y connaissait rien, mais j’ai [pour ma part] étudié le droit et ai commencé à argumenter avec lui. 1+1=2. Si X, alors Y… Tu peux sortir et t’amuser, tu es libre d’avoir des amis hommes et femmes, tandis que je ne peux pas avoir d’amis, pas même des amies femmes. Il était jaloux même de mes [amies] femmes, pouvez-vous le croire ? Il voulait la possession totale de sa femme. La femme est la propriété de l’homme, et pas le contraire. Alors je lui ai dit : Laisse tomber. J’ai une tête qui fonctionne depuis que je suis enfant. Comment pourrais-je accepter cette injustice ? Je suis médecin, et je contribuais aux revenus du foyer. Je gagnais deux fois plus que lui… Il est très important pour les femmes d’avoir des ressources financières. Je gagnais autant que lui et même plus, et ma tête fonctionnait tout comme la sienne et même mieux. J’avais pour profession la médecine, tout comme lui avait le droit.


Alors qu’est-ce qui lui donnait le droit de me dominer ? Pourquoi m’empêcher d’avoir des amies, de sortir et d’être libre ? De son côté, il sortait et faisait la fête. Pourquoi étais-je censée cuisiner pour qu’il trouve le déjeuner ou le dîner prêt en rentrant à la maison ? J’étais toute la journée à l’hôpital, en train d’opérer des patients. Nous avons hérité de cet esclavage. C’est le lot de toutes les épouses – même des femmes ministres. Je connais des ministres en Egypte qui rentrent de leur travail pour préparer le déjeuner de leurs maris.

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Les femmes ont peur de beaucoup de choses, mais plus que tout du divorce. Par conséquent, dans toutes les conférences qui se tiennent partout dans le monde, en particulier dans le monde arabe, je dis que je me suis mariée trois fois et que j’ai divorcé trois fois. J’en suis très fière. Le divorce vous rendra libre.

[…]

Un tyran ne peut arriver au pouvoir que si le peuple rend possible sa tyrannie. De même, il ne peut y avoir de mari tyrannique, nulle part dans le monde, si sa femme ne rend pas possible sa tyrannie. Si elle lui oppose un refus, elle peut empêcher sa tyrannie, mais elle devra en payer le prix – avec le divorce et l’obligation d’aller trouver du travail. De nombreuses femmes se disent : Mon mari me frappe tous les jours, mais si je le quitte… Je connais des femmes médecins – parmi mes collègues – et des écrivains qui sont des femmes battues. Même les dirigeantes du mouvement féministe égyptien ont reçu des coups chez elles. [L’une d’elles] donnait une conférence sur la libération de la femme, puis rentrait chez elle et se faisait réceptionner par les coups de son mari qui l’accusait d’être en retard. De quoi les femmes ont-elles peur ? Avant tout du divorce. Deuxièmement, elles ont peur que leur niveau de vie ne baisse.

[…]

Elles ont peur du qu’en dira-t-on. Elles ont peur de beaucoup de choses, toutes illusoires. Si vous les analysez, vous verrez que ce sont de simples illusions. Le divorce est une illusion. Et pourquoi faire toute une histoire de son niveau de vie ? Vivre dans une grande villa est superflu… J’habite un appartement de deux pièces dans le quartier de Shubra au Caire. Je suis très heureuse. Je ne veux pas habiter dans une grande villa. Pourquoi aurais-je envie de résider dans une grande villa ? Je préfère vivre dans un deux-pièces en conservant ma dignité intacte. Nous devons modifier notre manière d’éduquer les femmes et les hommes, et nous devons commencer dès l’enfance.

[…]

Les habitants du village de ma grand-mère se nourrissaient de pain et de sel. Ils n’avaient rien à manger et n’avaient pas de chaussures. Ma grand-mère a entraîné les paysans chez le chef du village… J’avais seulement cinq ans, et elle m’a pris par la main, comme ça. Elle m’a emmenée avec elle voir le chef du village. J’avais cinq ans mais j’écoutais tout… A l’âge de cinq ans, les enfants écoutent et comprennent tout. Elle lui a dit : Dieu te punira pour avoir pris ce pour quoi nous avons travaillé durement et l’avoir donné au Roi et aux Anglais.

Il lui a répondu : Que sais-tu de Dieu? Il s’est assis, tenant un Coran écrit avec des fils d’or. Il portait des robes dorées, alors que les paysans étaient pieds-nus et mangeaient du sel. Il leur prenait tout le coton qu’ils cueillaient. Il dit : Tu parles de Dieu. Que sais-tu de Dieu ? As-tu lu le Coran? Il tenait le Coran dans sa main. Ma grand-mère a levé la main et a répondu : Qui vous a dit que notre Dieu est le Coran ? Notre Dieu est justice, et nous Le connaissons par nos esprits.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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