Le célèbre érudit islamique marocain Ahmed Raïssouni critique les Frères musulmans égyptiens : ils n’écoutent personne ; je me suis réjoui quand Morsi a été destitué

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Le religieux marocain Ahmed Raïssouni, vice-président de l’Union internationale des érudits musulmans, dirigée par le cheikh Youssouf Al-Qaradhawi, a déclaré que même si l’éviction de Morsi de la présidence égyptienne était légalement un crime, il s’en réjouissait car « Allah voulait que cet homme, qui a été contraint [d’assumer] la présidence, soit évincé ».


« Évidemment, j’étais heureux quand il a été délesté de ces responsabilités, qui dépassaient ses capacités », a-t-il affirmé. Les Frères musulmans en Egypte ont « abandonné leur mission supérieure » afin de poursuivre leurs aspirations politiques, a déclaré Raïssouni. Selon lui, les Frères musulmans dans de nombreux pays, y compris la Jordanie et les pays du Golfe, affirment que « les Frères musulmans d’Egypte refusent d’écouter quiconque » et « se considèrent comme la plus haute source d’autorité pour le mouvement islamique ». Raïssouni a fait ces commentaires dans des interviews pour les médias marocains en ligne alayam24.com et arabi21.com, les 28 et 30 novembre 2016, respectivement. Extraits :

Alayam24.com, 30 novembre 2016

Ahmed Raissouni : Du point de vue de la jurisprudence islamique, du point de vue juridique et politique, et du point de vue de la démocratie, lorsque l’autorité intervient et entrave une personne qui agit conformément à la loi et à la constitution, je le dénonce. Une telle interférence est déplorable. Si on me demandait mon avis, je le dénoncerais du point de vue politique, constitutionnel et juridique. Quand on a empêché [le salafiste marocain] Hammad Kabbaj de se présenter au parlement, j’ai écrit un article demandant si la loi et la constitution avaient été suspendues. […]

Mais il y a un autre aspect à cela : au fond, je ne suis pas bouleversé par la disqualification de Kabbaj ou d’autres, car je suis conscient de la logique de l’histoire, qui dit que cela nous sert aussi bien, nous [les islamistes]. La logique de l’histoire est que si l’État ne nous freinait pas, nous pourrions commettre des erreurs et nous voir confier des responsabilités trop lourdes pour nous. Nous devrions avoir à nous occuper d’affaires pour lesquelles nous ne sommes pas doués. L’Etat a autre chose en tête, mais je crois qu’au bout du compte, nous en bénéficions. Le Parti de la justice et du développement [Parti islamiste marocain] en bénéficiera.

C’est la première fois que le Parti de la justice et du développement couvre toutes les régions. Le parti aurait pu le faire dès 1997, et s’il l’avait fait, cela aurait été une catastrophe. L’État les a sauvés d’une catastrophe. Si nous étions une vraie démocratie, le parti aurait remporté les élections à l’époque, ce qui aurait été une autre catastrophe. Permettez-moi donc de le répéter : Il y a la logique historique, et il y a la logique législative. Du point de vue juridique, je dénonce ces actes [commis par l’État], mais du point de vue historique, c’est quelque chose de favorable et de réjouissant.

Arabi21.com, 28 novembre 2016

Quand j’ai dit que je m’étais réjoui quand Mohamed Morsi, qu’Allah le protège, et les Frères musulmans ont été destitués et privés de leurs responsabilités, je ne parlais pas d’un point de vue juridique mais historique. C’est le destin décrété par Allah qui a destitué Morsi, même si, juridiquement parlant, son éviction est sans nul doute un crime. Allah voulait que cet homme, qui a été contraint à assumer la présidence, soit évincé. Les Frères musulmans ont été entraînés dans tout cela par leurs propres dirigeants, au mauvais moment, au mauvais endroit et dans les mauvaises circonstances. Ils ont abandonné leur mission suprême et ont délaissé leurs véritables batailles, dans les gouvernorats, les villes et les villages de l’Égypte.

Soudain, tout ce qui les intéressait était les Places Tahrir et Rabaa Al-Adawiya, les élections et la présidence. Ils ont perdu une occasion en or [d’obtenir] la liberté, offerte par la Révolution du 25 janvier. Ils ont perdu cette occasion et ont commencé à chercher avidement le conflit politique. Ils se sont focalisés sur l’activité politique et, en effet, ont atteint le cabinet présidentiel. Nombreux sont ceux, en Égypte et à l’étranger, y compris le cheikh Al-Qaradhawi, qui leur ont conseillé de ne pas briguer la présidence. Cheikh Qaradhawi lui-même soutenait Abdel Moneim Aboul Fotouh. Mais ils ont refusé d’écouter tout cela, et ont commencé à briguer la présidence, ce qui est dénué de sens. Cela n’augurait qu’un échec. À mon avis, il vaut mieux être évincé qu’être mis en l’échec. […]

Le régime moderne égyptien – depuis la monarchie du roi Farouk dans les années 1940, en passant par le coup d’Etat d’Abdel Nasser, et jusqu’à ce jour – a incité tous les employés de l’État, l’armée et les forces de sécurité à la haine des Frères musulmans et à la nécessité de les combattre. L’Etat entier est donc endoctriné. C’est sa doctrine, sa culture et sa pratique. Les [Frères musulmans] auraient dû le savoir.

Quand ils ont brigué [la présidence] – même si je m’opposais à leur candidature à la présidence et à leur prise en charge de toutes les affaires étatiques – j’ai dit : Peut-être ont-ils un certain poids dans l’armée et dans les forces de sécurité, et ces honorables officiers et juges les soutiendront… Mais tous ces honorables officiers et juges se sont évaporés. Il s’est avéré que tous les juges, à l’exception de quelques-uns qui n’avaient aucun poids, se sont opposés à Morsi et aux Frères musulmans. La Cour suprême, la Cour constitutionnelle et tout ce « chorus » étaient contre Morsi, les officiers de l’armée étaient tous contre Morsi, à l’instar des forces de sécurité, du ministère de l’Intérieur, de tous les experts en économie, des Coptes, des médias. Ils étaient tous contre Morsi.

Que pouvait faire Morsi dans ces circonstances ? Évidemment, j’étais heureux lorsqu’il a été délesté de ces responsabilités qui dépassaient ses capacités. Au lieu de devoir rendre des comptes le Jour du jugement, et au lieu d’affronter les accusations, cinq ans plus tard, selon lesquelles les islamistes ont été un échec total… Au lieu de cela, ils auraient dû démissionner et recommencer à zéro progressivement. […]

Les Frères musulmans en Jordanie, dans le Golfe et dans de nombreux pays affirment : les Frères musulmans d’Egypte refusent d’écouter quiconque, ils se considèrent comme la plus haute source d’autorité pour le mouvement islamique, ils se considèrent comme les chefs suprêmes, et par conséquent, ils refusent d’écouter. De nombreux membres des Frères musulmans dans d’autres pays se sont plaints de cela.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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