Réactions russes aux négociations sur l’adhésion du Monténégro à l’OTAN

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Le 19 mai 2016, les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’OTAN ont signé un protocole d’adhésion pour le Monténégro, lui accordant le statut d’observateur aux réunions de l’OTAN. La cérémonie de signature, qui s’est tenue en présence du Premier ministre Milo Djukanovic, a eu lieu lors d’une séance du Conseil de l’Atlantique Nord (CAN) à Bruxelles. La prochaine étape est l’octroi du statut de membre de l’OTAN au Monténégro, une fois que le protocole d’adhésion sera ratifié par tous les 28 Etats membres de l’OTAN.

Le 2 décembre 2015, l’OTAN a invité le Monténégro à rejoindre l’alliance militaire, et le pays des Balkans a accepté l’invitation le lendemain.

La signature du protocole a suscité la colère de la Russie, qui considère l’expansion de l’OTAN vers l’Est comme une menace pour ses propres frontières. Le site Internet de la mission permanente russe à l’OTAN a publié un article sur l’adhésion potentielle du Monténégro à l’OTAN, affirmant qu’elle avait déclenché une « réaction particulièrement émotionnelle du côté russe », et expliquant que « la Russie et le Monténégro » sont unis par 300 ans de coopération étroite, la Russie ayant contribué à l’établissement et au développement de l’Etat monténégrin au 19e siècle et étant la première à avoir reconnu son indépendance à l’égard de la Serbie en 2006, l’investissement d’entreprises russes ayant été un moteur puissant du développement économique du Monténégro depuis lors.


Le directeur du Centre des Balkans russes pour la coopération internationale, Viktor Kolbanovsky, a affirmé que le Monténégro « fraternel » avait commencé à « trahir politiquement » la Russie en se joignant aux sanctions de l’Union européenne contre Moscou en 2014, lors de la crise ukrainienne, et que le pays des Balkans avait à présent entamé une nouvelle étape vers la rupture finale des relations traditionnelles avec Moscou.[1]

La Douma : L’admission du Monténégro à l’OTAN est un outil politique qui date de « l’ère de la guerre froide »

En février 2016, le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov a qualifié l’admission du Monténégro de « décision artificielle ».[2] Commentant la question de l’expansion vers l’Est de l’OTAN en 2014, Lavrov a affirmé que l’adhésion du Monténégro à l’OTAN serait « irresponsable et provocatrice ». En novembre 2015, la Douma russe a publié un appel au parlement du Monténégro, affirmant que « ‘l’implication d’Etats, en particulier contre la volonté de leurs peuples [à savoir le peuple monténégrin] dans des alliances militaires, est un outil politique qui date de l’ère de la guerre froide ». Dans sa déclaration, la Douma a ajouté que « la volonté du régime [du Premier ministre du Monténégro] Milo Djukanovic, qui a dirigé le Monténégro pendant 25 ans, de rejoindre l’OTAN était contraire à la volonté de la majorité écrasante de son peuple ». [3]

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a affirmé que le Monténégro ne devrait décider s’il souhaitait ou non devenir membre de l’OTAN qu’après un référendum national. [4] La Russie pense que la majorité de la population du Monténégro votera contre l’adhésion à l’OTAN. [5] Zakharova a ajouté que l’adhésion du Monténégro à l’OTAN était une « humiliation », car le pays avait été bombardé par l’OTAN pendant la crise yougoslave dans les années 1990.

Le représentant permanent russe à l’OTAN, Alexander Grushko, a observé que l’OTAN commettait une « nouvelle erreur », car elle continuait de construire des « lignes de division » en Europe. [6] Le président de la commission des affaires étrangères de la Douma, Alexei Pushkov, s’est également exprimé sur la question, affirmant que puisque le secrétaire général de l’OTAN Jens Soltenberg avait appelé la Russie à respecter le choix du Monténégro de devenir membre de l’OTAN, celle-ci devait reconnaître le choix fait par la Crimée de rejoindre la Russie. [7]

Le président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie : L’admission du Monténégro dans l’OTAN aggravera la sécurité de l’Europe

Le président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie, Konstantin Kosachev, a déclaré que l’admission du Monténégro était « inutile » et inopportune et qu’elle allait « aggraver les perspectives de la sécurité européenne ». Kosachev a affirmé : « Cette décision augmentera les risques pour le Monténégro – jusqu’à présent personne ne menaçait le pays, désormais les risques seront accrus… On ne peut en aucune façon justifier cette décision en affirmant que l’expansion de l’OTAN est un but en soi… L’OTAN n’est pas le fondement de la sécurité européenne, mais plutôt le défi principal, et c’est pourquoi l’admission de pays supplémentaires n’est pas une réponse à un défi, mais plutôt une aggravation de ce défi. » Kosachev a ajouté que la Russie devait reconsidérer les liens économiques avec le Monténégro, car on ne pouvait exclure qu’un système de défense de missiles balistiques ou de « têtes nucléaires » soit déployé dans le pays des Balkans. [8]

Le 2 décembre 2015, lorsque le Monténégro a été invité par l’OTAN à rejoindre l’alliance militaire, Kosachev a observé que l’adhésion du pays des Balkans serait « regrettable », ajoutant que « le Monténégro était désormais inclus dans ce mécanisme de reproduction permanente de la guerre froide ». [9]

Toutefois, l’expert militaire Viktor Murahovsky a affirmé que le choix de l’OTAN d’inviter le Monténégro était dénué de sens en termes militaires, car le pays des Balkans était légèrement au-dessus de « zéro » en termes de puissance militaire. Murahovsky a affirmé : « Cette admission [dans l’OTAN] vaut zéro en termes militaires, zéro qui ajoutera des maux de tête lors des processus de prise de décision. Quant à la possibilité d’installer des bases de l’OTAN dans ce pays des Balkans, l’OTAN n’en a pas besoin. C’est simplement inopportun, le Monténégro est bon pour les vacances, pas pour des installations militaires. » [10]

Le Premier ministre Monténégrin Milo Djukanovic serre la main du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg. (Source : Nato.int, 19 mai 2016)

L’attaché de presse du Kremlin Peskov : L’expansion de l’OTAN entraînera des mesures de représailles de la part de la Russie

S’exprimant le 2 décembre, juste après la publication par la presse de l’invitation adressée par l’OTAN au Monténégro, l’attaché de presse du Kremlin, Dmitry Peskov, a averti que la Russie allait « réagir » si le Monténégro rejoignait l’alliance militaire. Peskov a expliqué : « A différents niveaux, Moscou a déjà observé que l’expansion de l’OTAN vers l’Est et de l’infrastructure militaire de l’OTAN ne pouvait que déclencher des mesures de représailles de l’Est, c.-à-d. de la part de la Russie, en termes de garantie de la sécurité et de soutien de la parité des intérêts. »

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a également expliqué la nécessité de répondre à l’OTAN : « Les dernières tentatives de l’OTAN de changer le paysage militaire et politique en Europe, en particulier dans le contexte de sa politique ouverte de dissuasion vis-à-vis de la Russie, affecteront inévitablement les intérêts de la Russie et la contraindront à répondre de manière proportionnelle. Quant au protocole qui vient d’être signé sur l’adhésion du Monténégro… il ne fait que confirmer l’intention… d’accélérer au maximum le processus d’admission et le rendre irréversible. » [11]

Le président de la Douma Sergei Zheleznyak avait déjà précisé en décembre 2015 que la Russie allait, en représailles, « limiter [ses] contacts dans le domaine économique et dans d’autres domaines ». [12]

La Russie tente également de soutenir les partis d’opposition pour stopper l’expansion de l’OTAN. Le journal russe Kommersant a ainsi rapporté que le parti au pouvoir russe « Russie unie » avait signé une déclaration avec le dirigeant du Parti démocratique populaire monténégrin (PDP), Milan Knezevic, et avec le dirigeant du Parti socialiste populaire monténégrin (PSP), Srđan Milić. Cette déclaration affirme la volonté de créer des Etats neutres dans l’Europe du Sud-Est (Serbie, Monténégro, Macédoine et Bosnie et Herzégovine) et de réintégrer le Kosovo dans la Serbie. Cette décision semble également motivée par le fait que la Serbie n’a nulle intention de rejoindre les rangs de l’OTAN, même si le pays fait partie du programme de Partenariat pour la Paix de l’OTAN. [13] La déclaration ajoute que la neutralité de la Serbie, du Monténégro, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine doit être garantie tant par la Russie que par l’OTAN. Il convient d’observer que le PDP s’oppose à la tenue d’un dialogue avec les autorités du Monténégro et soutient un changement de gouvernement. En octobre 2015, Milan Knezevic était à la tête d’une manifestation de 5 000 personnes qui ont marché en direction du parlement pour exiger la démission du Premier ministre du Monténégro, Milo Djukanovic, ainsi que des élections immédiates. [14]

Notes :

[1] Missiontonato.ru, 3 février 2016.

[2] Sputniknews.com, 10 février 2016.

[3] Missiontonato.ru, 3 février 2016.

[4] Ria.ru, 16 mai 2016.

[5] Missiontonato.ru, 3 février 2016.

[6] Ria.ru, 16 mai 2016.

[7] Twitter.com/Alexey_Pushkov,18 mai 2016.

[8] Tass.ru, 18 mai 2016.

[9] Tass.ru, 2 décembre 2015.

[10] Aif.ru, 19 mai 2016.

[11] Tass.ru, 19 mai 2016.

[12] Missiontonato.ru, 3 février 2016.

[13] Sputniknews.com,  9 mars 2016.

[14] Kommersant.ru, 10 mai 2016.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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