Iman Hussein, jeune étudiante égyptienne en théâtre, a été interviewée sur la chaîne égyptienne DMC pour parler de l’excision. Elle a raconté avoir abordé, à l’âge de 10 ou 11 ans, le sujet avec sa mère, et lui avoir signifié que se faire exciser ou non était son « affaire personnelle », résistant ainsi aux pressions de l’entourage et de la famille. Hussein a souhaité transmettre le message suivant aux jeunes filles : « Votre corps vous appartient… Afin d’éviter la souffrance liée au harcèlement sexuel, à l’excision, vous devez les contrer de toutes vos forces. » L’interview a été diffusée le 12 février. Extraits :
Iman Hussein : J’ai été élevée dans un endroit appelé Bashayer, où ma mère travaillait. On nous a appris à être contre l’excision, et je connaissais mes droits. Plus tard, à l’école, mes amies subissaient cette opération. J’ai dit à ma mère que mes amies de l’école se faisaient exciser, et j’ai commencé à évoquer le sujet avec elle. Je lui ai dit que c’était mal parce qu’il s’agissait d’une partie du corps. Ma mère me disait toujours : « C’est ton corps, nul ne peut y toucher ».
Premier intervieweur : Quel âge aviez-vous?
Iman Hussein : J’avais 10 ou 11 ans.
Premier intervieweur : À un si jeune âge …
Deuxième Interviewer: En effet…
Iman Hussein : Puis les amis de ma mère au travail ont commencé à lui demander: « Pourquoi n’as-tu toujours pas fait l’opération à tes filles ? » Certains membres de notre famille, comme ma grand-mère, ont également abordé le sujet. J’ai alors dit à ma mère: «C’est à moi de décider, vous ne pouvez pas faire ça ». Je fais du théâtre, et j’ai vu quelques émissions sur l’excision…
Premier intervieweur : Et vous devez avoir entendu les histoires de vos amies à l’école.
Iman Hussein : Oui : l’une d’elles m’a dit qu’elle n’a pas pu bouger pendant trois ou quatre jours, qu’elle a eu une hémorragie. Des trucs comme ça. J’ai eu très peur, et j’ai essayé de m’imaginer dans une telle situation. En plus, je suis petite, pas comme mes amies, qui sont …
Deuxième Intervieweur : Vous êtes menue.
Iman Hussein : Oui… Les amis de ma mère et nos proches me disaient qu’après l’opération, mon corps se développerait et que je prendrais un peu de poids. Mais je n’y tenais pas. Je voulais rester comme je suis. C’était mon affaire. J’ai donc dit à ma mère que je ne la ferais pas [l’excision]. Elle était également contre, mais de temps en temps, elle disait : peut-être devrions-nous consulter un docteur ? Mais je répondais : Pas question. De quel docteur tu parles ? Pourquoi devrais-je me montrer à un docteur ? C’est mon affaire personnelle. […]
Deuxième Intervieweur : Iman, nous aimerions entendre votre message aux filles de votre âge, ou plus jeunes, qui pourraient se trouver dans une telle situation un jour.
Iman Hussein : Votre corps vous appartient. C’est vous qui aurez à faire face à la douleur et à tout le reste. Pour éviter la douleur liée au harcèlement sexuel, à l’excision, ou à des choses de ce genre, vous devez les contrer de toutes vos forces. Notre corps mérite d’être protégé de ces choses.
Deuxième Intervieweur : Je salue votre courage et votre position face à toutes ces pressions.
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