Le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat à l’occasion du centenaire de la Déclaration Balfour : Les lamentations ne servent à rien, il est temps de tirer la leçon de nos erreurs

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A l’occasion du centenaire de la Déclaration Balfour, le 2 novembre 2017, le journaliste soudanais Othman Mirgani, éditorialiste au quotidien Al-Sharq Al-Awsat, fustige les lamentations arabes et palestiniennes relatives à la Déclaration. Il appelle à un examen de conscience pour comprendre comment Israël a accumulé ses succès, tandis que les Palestiniens et les Arabes en sont arrivés à leur situation actuelle. Il considère que les Palestiniens ont manqué des occasions, se sont enfoncés dans des querelles internes, et qu’ils auraient dû s’unir et définir leurs objectifs, à l’instar des Israéliens, afin d’atteindre leurs objectifs. Extraits :

En arabe, l’expression « Déclaration Balfour » n’est jamais utilisée sans être accompagnée de l’adjectif « maudite ». Cette déclaration, dont le centième anniversaire est marqué aujourd’hui, était certainement un événement maudit et catastrophique pour les Palestiniens, un désastre pour les Arabes et un tournant dans l’histoire de la région, qui a entraîné des calamités, des guerres et des nakbas [catastrophes]. L’histoire de la Déclaration est bien connue, et les quelques lignes de la lettre britannique, qui incluait une promesse d’investir tous les efforts possibles pour faciliter la réalisation du rêve sioniste d’établir un foyer pour les Juifs en Palestine, fut pratiquement apprise par cœur, mot à mot, par de nombreux régionaux, notamment parmi les Palestiniens.

A l’occasion du 100e anniversaire de la Déclaration Balfour, on pourrait composer une lamentation qui rejoindrait la longue liste de celles écrites à ce sujet au fil des ans, mais est-ce bien ce qu’il faut faire ? Cela changera-t-il quelque chose en réalité ?


De nombreuses voix se sont fait entendre, demandant que la Grande-Bretagne présente des excuses pour la déclaration [1] et pour ce qu’elle a apporté aux Palestiniens et à la région, ce que les gouvernements britanniques ont refusé de faire [pendant des générations], jusqu’à aujourd’hui. Cette fois-ci, ces demandes ont été accompagnées d’un déversement de colère, suite à la décision de la Première ministre britannique, Theresa May, de célébrer le 100e anniversaire comme un événement festif, auquel le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a été invité. En réaction à la demande de présenter des excuses, May a déclaré qu’elle célèbrera l’événement en grande pompe et qu’elle est fière du rôle rempli par la Grande-Bretagne dans la création de [l’Etat] d’Israël. Cette mesure provocante a été accueillie par une tempête déchaînée parmi les Palestiniens et par des critiques à l’intérieur de la Grande-Bretagne…

Il est possible que la célébration de May en dise long sur sa manière de penser et sur sa position, mais elle en dit encore plus sur la situation actuelle des Arabes, car la Grande-Bretagne n’est pas la seule entité qui a conscience que les Palestiniens se sont égarés, que les Arabes sont faibles, et qui comprend l’équilibre des forces dans la région. Dans le contexte de sa vision réaliste, May n’a pas compris qu’elle risquait de payer un prix en faisant l’éloge la Déclaration [Balfour] ou le rôle de la [Grande-Bretagne] dans la création de [l’Etat] d’Israël. En outre, elle ne voit pas de raison de présenter des excuses. La vérité encore plus amère et terrible est que, même si la Grande-Bretagne avait daigné [émettre] des excuses, cela ne changerait en rien la réalité amère, car celle-ci ne changera pas au moyen d’un communiqué, mais uniquement par une volonté [authentique], qui n’existe pas aujourd’hui.

Au lieu de [composer] des lamentations, nous devons marquer un arrêt et analyser sérieusement la situation dans laquelle nous nous trouvons, cent ans après la Déclaration Balfour et analyser sérieusement ses raisons, dans l’espoir d’apprendre du passé. Ce qu’Israël a accompli et la situation où il se trouve aujourd’hui, et ce que les Palestiniens et les Arabes ont obtenu concernant la question palestinienne, alors que pas un seul propos arabe ne la qualifie pas de « fatidique », « centrale » et autres expressions devenues vides de tout contenu réel ?

Il y a ceux qui disent qu’Israël est soutenu par les superpuissances, ce qui est vrai et incontestable. Pourtant, les Arabes ont aussi été soutenus par des alliés puissants au cours de leur histoire et les Palestiniens ont reçu un large soutien au sein de l’arène internationale, plus important que celui dont a bénéficié Israël. A mon avis, la différence est que les Israéliens sont restés focalisés sur leurs objectifs et sur leurs capacités de les atteindre, tandis que les Palestiniens et les autres Arabes se sont dispersés dans toutes les directions et ont été submergés par les conflits internes, dont personne ne peut dire qu’ils ont été causés par Israël.

Les Palestiniens, plus encore que les autres, doivent procéder à un examen de conscience, au vu de la longue liste d’occasions qu’ils ont manquées, de leur lecture erronée [de la réalité] et des divisions [internes], qui ont atteint le niveau de guerres, de règlements de comptes et d’assassinats. En dépit de toutes les déclarations et slogans entendus à maintes reprises, [selon lesquels la question palestinienne] est « en tête de l’ordre du jour arabe », sur le long terme, elle ne les concernera qu’eux [seuls]. C’est donc la manière dont [ils] abordent la question, le rôle de leurs dirigeants à cet égard, et [l’étendue de] leur disposition à travailler de concert pour atteindre leurs objectifs, qui constitueront un élément catalyseur ou un obstacle pour eux, et pour tous ceux qui les soutiennent et expriment leur solidarité avec leurs droits. La place manque ici pour entamer une discussion sur toutes les erreurs [commises], ou pour entreprendre une analyse historique globale des litiges violents et des nombreuses divisions qui ont porté préjudice aux Palestiniens et à leur cause. Il suffira de mentionner ce qui a transpiré depuis les Accords d’Oslo, ou le conflit entre l’Autorité palestinienne et le Hamas durant les années consécutives à l’accession au pouvoir du Hamas dans la [bande de] Gaza, qui a porté préjudice aux Palestiniens. Les Palestiniens ont payé un prix élevé à tous égards en conséquence de ce conflit, jusqu’à ce qu’ils signent récemment un accord de réconciliation au Caire, suite aux efforts arabes de médiation, et des pressions résultant de la situation dans la région. Beaucoup craignent que cet accord ne fasse pas long feu, en raison des positions et des préoccupations [opposées] des parties et de l’histoire palestinienne, remplie de divisions.

L’anniversaire de la Déclaration Balfour pourrait être l’occasion d’une autocritique, d’un examen de toutes les erreurs du passé qui ont contribué à nous amener là où nous sommes aujourd’hui. Les Palestiniens, plus que quiconque, doivent marquer une pause et comprendre qu’ils sont confrontés à la nécessité pressante d’unir les rangs et de définir leurs objectifs, en particulier parce qu’ils sont ceux qui font le pari de la paix, et en raison des appels à renforcer « l’accord du siècle ! » [2]

Lien vers le rapport en anglais

Notes :
[1] Voir MEMRI en français, Une campagne palestinienne contre la Grande-Bretagne exige des indemnités pour la Déclaration Balfour, 27 mars 2017.

[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 2 novembre 2017.

 

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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