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Le journaliste égypto-canadien Saïd Shoaib a déclaré qu’Al-Andalus avait été un cas d’« occupation colonialiste » et qu’il était regrettable que les musulmans « s’enorgueillissent de leurs crimes colonialistes ». Dans une interview en date du 29 juin 2017 diffusée sur la chaîne arabe chrétienne Al-Hayat, Shoaib a déclaré que les musulmans n’avaient d’autre choix que de réformer leur religion afin de cesser d’être « un fardeau pour la civilisation ». Shoaib a critiqué les médias égyptiens et l’opinion qui refusent d’admettre que l’enlèvement et le meurtre de coptes par des terroristes djihadistes avait été motivé par des considérations religieuses. Extraits :
Saïd Shoaib : Les islamistes et les musulmans sont prisonniers de leur histoire. Le conflit qui nous oppose à Israël est de nature essentiellement religieuse.
Journaliste : Absolument.
Saïd Shoaib : Sinon, nous traiterions l’Iran de la même manière que nous traitons Israël. L’Iran occupe la région arabe de l’Ahwaz, opprime les sunnites et occupe les îles des Emirats arabes unis. La Turquie occupe la province d’Alexandrette. Y aurait-il une occupation halal et une occupation haram ?
Journaliste : Au Maroc, nous avons également deux villes que nous considérons occupées par l’Espagne.
Saïd Shoaib : Mais tout le monde s’en moque. Tout ce qui les intéresse, c’est Israël, car le prophète Mohammed s’est engagé dans un conflit politique armé et non armé [contre les juifs] il y a 1 400 ans, et nous nous comportons comme si cela se passait aujourd’hui. Il y a un autre paradoxe contrariant. Nous considérons Al-Andalus comme une source de fierté pour les musulmans, alors que c’était, en fait, un cas d’occupation colonialiste.
Journaliste : Evidemment.
Saïd Shoaib : Nous devrions la désapprouver. Il y a [certes] eu des progrès scientifiques et culturels réalisés là-bas, mais sur le principe, [c’était de l’occupation] et nous, musulmans, devrions avoir l’honnêteté de le reconnaître.
Journaliste : Vous n’entendrez pas la France dire aujourd’hui fièrement : « Vous vous souvenez comment nous avons occupé l’Algérie et le Maroc ? Quelle [sacrée] époque !… »
Saïd Shoaib : Personne ne parle ainsi à part les musulmans, et c’est très triste. Les musulmans sont les seuls qui s’enorgueillissent de leurs crimes colonialistes.
Journaliste : Parce que c’est une affaire religieuse. Ils la considèrent comme une affaire sacrée.
Saïd Shoaib : Si vous êtes si fiers de l’occupation d’Al-Andalus, pourquoi êtes-vous en colère contre Israël ? C’est très bizarre. J’ai interviewé une fois [l’ancien Guide des Frères musulmans] Mahdi Akef. C’était la fameuse interview où il disait : « Au diable l’Egypte ». Je lui ai signalé que les Ottomans avaient été des occupants [en Egypte]. « Des occupants ? », s’est-il exclamé, interloqué, en frappant sur la table. « C’était des musulmans ! Des musulmans ne peuvent occuper d’autres musulmans. » Evidemment que des musulmans peuvent être des occupants. Les Ottomans ont détruit toute la région.
Journaliste : Evidemment qu’il peut y avoir occupation. Que faisait l’Irak au Koweït ? Une halte déjeuner ?
Saïd Shoaib : C’est démentiel. Les musulmans sont les seuls à vouloir restaurer leur empire colonial. […]
Les réformes de la religion juive l’ont améliorée. L’essentiel est qu’ils ont abandonné l’interprétation textuelle de la religion. […]
Journaliste : Ne pensez-vous pas qu’il soit trop tard [pour les musulmans], car des générations et des générations ont été élevées ainsi ? Des gens se font exploser et tuent à Manchester et à Paris, il n’y a rien à faire. Le cancer s’est propagé. N’est-il pas trop tard ? Même en Occident, dans certains pays occidentaux, peut-être que le temps des réformes est révolu…
Saïd Shoaib : Tout d’abord, vous devez connaître le dicton « mieux vaut tard que jamais ». Deuxièmement, quel choix nous, musulmans, avons-nous ? Continuer à être un fardeau pour le monde, pour la civilisation ? J’ai le sentiment que les musulmans que je connais personnellement – je ne parle pas des islamistes – sont contrariés. Ils ne sont pas satisfaits. Ils sont en colère. Ma mère est contrariée. Elle n’est pas contente.
Journaliste : La plupart des gens veulent vivre en paix.
Saïd Shoaib : Evidemment, et nous devons leur apporter des solutions. […]
Journaliste : D’après vous, que va-t-il arriver au Moyen-Orient ? Va-t-il finir par exploser ? Allons-nous continuer ainsi ?
Saïd Shoaib : Les conflits religieux vont se poursuivre. L’une des choses qui m’attristent en Egypte est que les gens refusent d’admettre que l’enlèvement et le massacre des coptes sont motivés par la religion. Même aujourd’hui, les gens ont l’esprit fermé. Même mes amis et collègues, qui sont des journalistes chevronnés et des gens très bien, refusent de l’admettre. Les chrétiens en Egypte se font tuer au nom de la religion. Pourquoi cela ?
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