Par : E. Ezrahi *
Le 12 décembre 2015, l’Arabie saoudite a tenu, pour la troisième fois, des élections municipales ; pour la première fois, les femmes ont participé aux élections, à la fois comme électrices et comme candidates, dans le respect de la charia, conformément à une décision du précédent roi, Abdallah bin Abd Al-Aziz. En outre, la décision a été prise, à l’occasion de ces élections, d’abaisser l’âge du vote de 21 à 18 ans, d’augmenter le nombre des membres d’élus du conseil de la moitié aux deux tiers du nombre total de sièges, et d’élargir les pouvoirs des conseils municipaux. Selon les rapports de la commission électorale, 130 637 femmes sont aujourd’hui inscrites sur les listes électorales, pour 1 355 840 électeurs masculins ; elles constituent ainsi 8,7 % des électeurs inscrits. En outre, 979 femmes se sont présentées comme candidates, pour 5 938 candidats de sexe masculin ; les femmes constituent ainsi 14,1 % des 6 917 candidats.
Conformément à charia, chaque étape du processus électoral – de l’inscription et de la préparation des électeurs et des candidats aux campagnes, jusqu’au jour même des élections – doit se dérouler dans le cadre d’une stricte séparation entre hommes et femmes. Ainsi, hommes et femmes se sont rendus à des centres électoraux distincts, et toute femme désirant faire campagne auprès d’hommes doit nommer un porte-parole masculin dans les centres électoraux qui leur sont réservés.
Au cours du processus électoral, la presse saoudienne a publié des articles soulignant que de telles restrictions entravaient considérablement la participation électorale des femmes, en tant que candidates ou électrices. En outre, un débat s’est tenu entre les autorités religieuses saoudiennes sur la question même de l’autorisation des femmes à participer aux élections. Ceux en faveur du vote féminin ont fait valoir que les femmes devraient voter pour des candidats qui selon elles serviront le mieux l’Etat, les résidents et la religion. Et d’ajouter que d’après la religion, leurs proches ou les membres de leurs tribus ne peuvent vendre leurs votes à d’autres. Pour les adversaires du vote féminin, les femmes ne peuvent participer aux élections en raison de l’interdiction de la mixité entre hommes et femmes, et parce qu’un tel changement mènera à l’occidentalisation de l’Arabie saoudite. Et d’ajouter que les femmes sont subordonnées aux hommes et que leur place est à la maison.
Les médias saoudiens ont évoqué la question du statut des femmes en Arabie saoudite en général, et leur participation aux élections en particulier. Parallèlement aux articles dénonçant la discrimination subie par les femmes dans le royaume saoudien, reflétée par leur faible statut social, les restrictions et l’hostilité auxquelles elles sont confrontées, d’autres articles saluent la participation des femmes aux élections, notant que celles-ci sont tout à fait aptes à s’occuper des affaires publiques, et que leur participation aux élections est « naturelle », les femmes constituant un facteur central dans la prise de décisions.
*E. Ezrahi est chercheur à MEMRI.
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