Tout au long de la guerre en Syrie, l’Iran a joué un rôle central dans la création de milices syriennes opérant aux côtés de l’armée régulière du régime. Ces milices sont inspirées des Basidji iraniens. [1] Récemment, un document a circulé sur Facebook, montrant que le régime syrien est en train de transférer le commandement et la responsabilité du financement de certaines de ces milices à l’Iran, ce qui atteste de l’étendue du contrôle iranien sur la Syrie.
Le mémorandum, daté du 11 avril 2017 et portant la signature du président syrien Bachar Al-Assad, en sa qualité de commandant en chef des forces armées syriennes, approuve les recommandations d’une commission chargée de réglementer l’activité des forces armées syriennes opérant conjointement avec l’Iran sur le territoire syrien.
Les recommandations de la commission incluaient un appel à réunir les forces armées syriennes – soit environ 90 000 hommes – qui agissent conjointement avec l’Iran dans le cadre d’une structure plus large, appelée « Brigades locales de défense », qui opérera en Syrie, sous le commandement et avec le financement de l’Iran, « jusqu’à la fin de la crise en Syrie ou jusqu’à nouvel ordre ».
En sus de son consentement au renforcement du contrôle iranien en Syrie, le mémorandum révèle également la difficulté du régime à diriger et à financer les milices locales et la grave pénurie de main-d’œuvre au sein des forces armées syriennes durant les années de guerre, due au taux élevé de désertions, et à la réticence des recrues et des réservistes à être envoyés sur le front. Selon les informations du mémorandum, sur les 88 723 combattants destinés à être intégrés dans les Brigades locales de défense dirigées par l’Iran, la moitié ont échappé au service militaire : 14 783 ont échappé au service militaire obligatoire ; 16 731 ont échappé aux obligations en tant que réservistes et 8 003 sont des déserteurs. Le régime a renoncé à tenter d’enrôler ces hommes dans l’armée et essaie plutôt de les recruter au sein des milices locales, où les tâches sont moins ardues, les combattants étant affectés près de chez eux. L’autre moitié sont des bénévoles, ainsi que des individus dont le « statut a été régularisé », c’est-à-dire qui ont eu le choix de servir dans les milices au lieu d’être punis pour leur refus de s’enrôler dans l’armée.
Le 2 mai 2017, une photo du mémorandum a été postée sur la page Facebook de la Brigade de la tribu Manjab, Raad Al-Mahdi, une milice syrienne récemment créée avec l’aide iranienne et opérant au service du régime syrien. D’après le texte accompagnant la photo du mémorandum, les brigades saluent l’initiative, qui est perçue comme une amélioration de leurs conditions. De même, cette page Facebook, ainsi qu’un site d’information pro-régime syrien, ont posté une photo d’un autre document officiel syrien se référant au mémorandum et au transfert des milices syriennes sous la tutelle iranienne.
Notons que, le 1er mai 2017, une délégation militaire syrienne dirigée par le chef d’état-major, Ali Abdallah Ayyoub, s’est rendue en Iran et a rencontré le ministre de la Défense Hossein Dehghan, ainsi que le commandant adjoint du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en charge de la Coordination, Jamaluddin Aberoumand, afin de discuter du renforcement de leur coopération militaire. [2]
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