En marge du sommet du G-20 en Chine, la Russie et l’Arabie saoudite ont convenu de maintenir la stabilité sur le marché du pétrole brut. Le ministre saoudien de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources minérales, Khalid Al-Falih et le ministre russe de l’Energie Alexander Novak ont souligné dans une déclaration conjointe que les « défis actuels de l’offre du marché global du pétrole, et notamment la contraction importante des investissements en capital dans l’extraction de pétrole à l’échelle internationale, en particulier dans la prospection, ainsi que les reports massifs des projets d’investissement », avaient rendu les marchés, dans leur ensemble, « plus volatiles et par conséquent intenables pour les producteurs et les consommateurs à long terme ». Dans leur déclaration, les ministres ont souligné qu’une « étroite coopération entre les principaux pays producteurs est cruciale pour la stabilité du marché pétrolier afin de garantir des niveaux durables d’investissement à long terme ». [1]
Le ministre russe Novak a déclaré que cet accord ouvrait une « nouvelle ère » de coopération russo-saoudienne. Il a ajouté : « Je suis confiant que c’est une nouvelle étape des relations entre les deux pays, l’OPEP et les pays non membres. C’est un moment historique, à mon avis. » [2]
Concernant l’Arabie saoudite et le gel [de la production] du pétrole, le régime saoudien a besoin de voir le cours du pétrole plus élevé qu’il ne l’est actuellement, pour qu’Aramco puisse être évaluée à 2-3 milliards de dollars au moment où ils lanceront l’introduction en Bourse, laquelle pourrait offrir aux investisseurs 5 % d’Aramco. Reuters a cité une source du milieu de l’industrie pétrolière affirmant que les Saoudiens « veulent des cours plus élevés pour obtenir une meilleure évaluation d’Aramco ».[3] Après l’accord entre la Russie et l’Arabie saoudite, les cours du brut ont plongé. Les cours du Brent ont enregistré une hausse de 5 % mais sont ensuite retombés avec un bénéfice de 1,6 %. [4]
Novak et son homologue saoudien ont convenu de tenir une réunion en octobre à Moscou pour discuter de la coopération dans le secteur du pétrole et du gaz. Entretemps, les 26-28 septembre, Alger accueillera le Forum de l’Energie international. Le Venezuela, l’Equateur et le Koweït ont initié un nouveau round de discussions sur le plafonnement de la production de pétrole qui se tiendra lors du forum. Dans cette attente, le ministre du Pétrole vénézuélien Eulogio del Pino, dont le pays connaît une grave crise économique exacerbée par l’effondrement des cours du pétrole, a salué l’accord conclu entre la Russie et l’Arabie saoudite pour stabiliser les cours du brut. « En outre, cette initiative est conforme à la stratégie élaborée par le Venezuela suivant les instructions du président Nicolas Maduro au cours des derniers mois, afin de conclure des accords entre les grands producteurs de brut », a affirmé le ministre vénézuélien.[5]
Le 4 septembre, le président russe Vladimir Poutine a rencontré le vice-Prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Bin Salman Al Saud, fils de l’actuel roi et ministre de la Défense du pays, en marge du G-20. Les deux dirigeants, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, se sont mutuellement félicités.
Poutine a souligné le fait que selon la Russie, « sans l’Arabie saoudite, aucune question sérieuse dans la région ne peut être résolue », ajoutant qu’il est important que les deux parties maintiennent un dialogue régulier. Bin Salman a également souligné l’importance des relations russo-saoudiennes. Le Prince héritier a ajouté : « Pour nous, les relations entre la Russie et l’Arabie saoudite sont d’une grande importance également. Elles sont certainement de nature stratégique et, par conséquent, la coopération et la coordination entre la Russie et l’Arabie saoudite sont essentielles. » Bin Salman a ajouté que l’Arabie saoudite pense que la Russie n’est pas seulement un « acteur mondial » important, mais aussi « une grande puissance ». Il a ajouté : « Quant à notre coopération avec la Russie, elle se poursuit sur des bases privilégiées. C’est pourquoi notre travail amènera de nombreux bénéfices au Moyen-Orient. Nous préférerions certainement éviter un scénario négatif au Moyen-Orient, et vous aussi. Nous voudrions accélérer la coopération économique et voulons non seulement qu’elle se poursuive, mais qu’elle progresse plus vite. »
On trouvera ci-dessous la déclaration conjointe Al-Falih-Novak sur la production de pétrole :
La Russie et l’Arabie saoudite « portent la responsabilité de produire plus de 21 % de la demande globale de pétrole »
Le ministre de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources minérales d’Arabie saoudite Khalid A. Al-Falih et le ministre de l’Energie de la Fédération russe Alexander V. Novak se sont rencontrés à Hangzhou, en Chine, en marge du sommet du G-20.
Lors de leur rencontre, les ministres ont reconnu l’importance de maintenir leur dialogue constant sur les évolutions actuelles des marchés pétrolier et gazier et ont indiqué leur désir mutuel de continuer de développer leurs relations bilatérales dans le domaine de l’énergie. Cela provient du fait que les deux pays partagent actuellement la responsabilité de la production de plus de 21 % de la demande globale de pétrole, requise pour nourrir la croissance économique mondiale, améliorer les standards de vie et aider à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
1. Les ministres reconnaissent les défis actuels de l’offre sur le marché pétrolier global, notamment la contraction majeure des investissements en capital dans l’extraction de pétrole à l’échelle globale, en particulier dans la prospection, ainsi que les reports massifs de projets d’investissement, qui ont rendu le marché, dans son ensemble, plus volatile et donc intenable pour les producteurs et les consommateurs à long terme. Il est impératif d’atténuer la volatilité excessive, qui est préjudiciable à la stabilité économique et à la croissance globale.
A cet égard, les ministres ont observé que le dialogue constructif et la coopération étroite entre les principaux pays producteurs de pétrole étaient cruciaux pour la stabilité du marché pétrolier, afin de garantir des niveaux durables d’investissement à long terme. Par conséquent, les ministres ont convenu d’agir conjointement avec d’autres producteurs. En outre, les ministres ont convenu de poursuivre leurs consultations sur les conditions du marché en établissant une force de travail de contrôle conjointe, pour examiner de manière continue les fondamentaux et recommander des mesures et actions conjointes destinées à garantir la stabilité et la prévisibilité du marché pétrolier.
2. Les ministres ont convenu de promouvoir la coopération entre le Royaume d’Arabie saoudite et la Fédération russe dans le secteur du pétrole et du gaz, y compris par le déploiement de nouvelles technologies, l’échange d’informations et d’expertise pour élever le niveau des applications technologiques dans la production, la raffinerie, l’entreposage, le transport et la distribution, ainsi que la production d’équipements, les services d’assistance tels que l’ingénierie, la fabrication et la recherche, ainsi que la collaboration dans la production d’énergie et l’énergie renouvelable.
3. Les ministres se sont engagés à explorer la possibilité de créer une base de données conjointe sur les technologies énergétiques de pointe, ainsi que des évaluations de faisabilité de leur déploiement, utilisation, et financement par les fonds souverains de leurs deux pays.
4. Les ministres ont décidé que la première réunion du Groupe de travail saoudo-russe sur la coopération pétrolière et gazière, créé en vertu de l’Article 4 de l’Accord de coopération entre le gouvernement du Royaume d’Arabie saoudite et le gouvernement de la Fédération russe en matière pétrolière et gazière, daté du 2 septembre 2003 et le Programme d’exécution de l’accord daté du 18 juin 2015, se tiendrait en octobre 2016, pour améliorer la coopération, et la mise en œuvre de ce qui a été convenu. De plus, les ministres se rencontreront de nouveau en marge des prochaines réunions de l’IEF en Algérie et de la réunion de l’OPEP en novembre à Vienne.
Lien vers l’article en anglais
Notes :
[1] Tass.ru, 5 septembre 2016.
[2] Tass.ru, 5 septembre 2016.
[3] Reuters.com, 1er septembre 2016.
[4] Bbc.com, 5 septembre 2016.
[5] Tass.ru, 6 septembre
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