Le rédacteur en chef du quotidien égyptien indépendant Al-Misriyyoun : Cheikh Omar Abd Al-Rahman n’a jamais été condamné pour l’assassinat de Sadate, ni pour son implication dans l’attentat du World Trade Center en 1993

Por:
- - Visto 245 veces

Après la mort d’Omar Abd Al-Rahman, également connu comme « le Cheikh aveugle », qui était le père spirituel de l’organisation Al-Gamaa Al-Islamiyya et faisait partie des fondateurs du mouvement du djihad international, Mahmoud Sultan, rédacteur en chef du quotidien égyptien indépendant Al-Misriyyoun, a pris sa défense. Sous le titre « Omar Abd Al-Rahman – les islamistes l’ont opprimé avant même les Américains ! », Sultan affirme qu’en dépit des accusations selon lesquelles le cheikh aurait été impliqué dans l’attaque du World Trade Center en 1993 et dans l’assassinat du président égyptien Anouar Sadate, il n’a été condamné dans aucune de ces affaires. [1] Sultan ajoute que le cheikh n’avait aucun lien avec un livre intitulé « La secte de l’abstinence », autorisant le meurtre de musulmans dans la police et l’armée. Ce livre, affirme Sultan, a été rédigé en 1981 par deux représentants de la  Gamaa Al-Islamiyya, qui ont tenté d’en faire porter la paternité au cheikh. Aussi, conclut-il, le cheikh Omar Abd Al-Rahman a été traité de manière injuste par les officiels de la Gamaa Al-Islamiyya, avant même de l’être par les Américains. Extraits : [2]

Alors que le titre de CNN faisait état de « la mort du cheikh Omar Abd Al-Rahman », presque tous les médias égyptiens titraient sur « la mort du terroriste Omar Abd Al-Rahman ». La différence faite ici entre « cheikh » et « terroriste » reflète celle entre les médias « professionnels » et « parasites ». Nul ne peut connaître avec certitude les chefs d’accusation pour lesquels le Dr Omar Abd Al-Rahman a été condamné aux Etats-Unis en 1996, car toutes les versions [des événements] confirment qu’il n’a pas été accusé d’entretenir des liens avec les auteurs de l’attaque du World Trade Center [en 1993], mais en raison de son « opinion » au sujet des Etats-Unis, qu’il a exprimée ouvertement lors d’une conversation avec un ami qui s’est avéré plus tard être un agent qui enregistrait ses propos à son insu. Toute tentative d’enquêter sur le « contenu » de ses propos qui l’ont conduit en prison, où il est resté pendant des années jusqu’à ce qu’il rende son âme à son Créateur, est vouée à l’échec.

Lors de réunions en privé, les membres de la Gamaa Al-Islamiyya ont imputé la responsabilité de « sa perte » [c.-à-d. son emprisonnement] à la direction du mouvement à l’étranger, et notamment au cheikh Ahmed Refai Taha et à Mustafa Hamza, car ils ne lui ont fourni aucune protection contre ceux qui s’en sont pris à lui et l’ont espionné depuis son arrivée aux Etats-Unis.


A ma connaissance, le tribunal militaire égyptien qui a jugé les cinq assassins [de Sadate] – Khalid Al-Islambouli, Mohammed Abd Al-Salam Farag, Hussein Abbas, Abd Al-Hamid Abd Al-Salam et Atta Tayel – ont acquitté cheikh Omar Abd Al-Rahman et ne l’ont pas condamné pour l’assassinat de l’ancien président. Il est aussi étonnant que le Tribunal de la sécurité nationale, dirigé par Abd Al-Ghaffar Mohammed, a décidé qu’aucun des accusés de l’assassinat de Sadate n’avait le droit d’émettre une fatwa, à l’exception d’Omar Abd Al-Rahman, qui était conférencier en commentaires du Coran et titulaire d’un diplôme universitaire, ce qui le rendait apte à [émettre des fatwas]. Beaucoup de gens ignorent qu’Abd Al-Rahman était un étudiant de Mohammed Sayyid Tantawi, ancien cheikh d’Al-Azhar, un religieux musulman respecté et le plus grand des imams, qui l’a guidé durant ses études de doctorat. C’est pourquoi il n’a jamais été condamné par un tribunal égyptien pour l’assassinat de Sadate. Au contraire, le tribunal l’a considéré comme [une source d’autorité] religieuse et a reconnu son droit d’émettre des fatwas.

Même s’il y a  eu une crise de confiance en l’ancien cheikh, en raison de son ouvrage controversé célèbre intitulé « Al-Taifa Al-Mumtaniah » [La secte de l’abstinence]… écrit en 1981, [cheikh Omar] Abd Al-Rahman n’avait rien à voir avec [cet ouvrage], qui avait été en réalité écrit par deux dirigeants de la Gamaa Al-Islamiyya, Essam Derbala et Essam Abd Al-Maged, [3] qui ont ajouté à certains des exemplaires [du livre] une ligne [écrite] sous la supervision du cheikh Omar Abd Al-Rahman. [Ils l’ont fait] par volonté de placer sous l’égide d’Al-Azhar leur sérieuse étude, qui avait d’emblée été rédigée comme un document devant être présenté au tribunal comme une preuve valable sur le plan religieux de la légitimité de la violence contre l’Etat.

Il y a deux jours, le 18 février 2017, Pr Maher Farghali, ancien membre de la Gamaa Al-Islamiyya et actuellement chercheur en islam politique, a révélé sur sa page Facebook que Dr Mahmoud Shuayb, beau-frère d’Omar Abd Al-Rahman, lui avait affirmé qu’ [Abd Al-Rahman] avait [à l’époque] recommandé de soumettre La Secte de l’abstinence à Al-Ahzar avant publication, en raison de son caractère grave, mais que les dirigeants de la Gamaa avaient ignoré sa requête.

Par conséquent, le curriculum vitae de cet homme montre qu’il a subi deux injustices, l’une de la part des musulmans et l’autre de celle des Américains.

Lien vers l’article en anglais

Notes :
[1] Après l’assassinat de Sadate, Omar Abd Al-Rahman a été arrêté par les autorités égyptiennes et accusé d’avoir émis la fatwa ayant engendré l’assassinat, mais il a finalement été acquitté de ce chef d’accusation. Lors de son procès de 1996 aux Etats-Unis, Abd Al-Rahman et ses disciples n’ont pas été directement accusés de l’attentat du World Trade Center en 1993, mais ont été condamnés pour avoir conspiré avec les auteurs de l’attentat. Le cheikh a aussi été accusé d’une série de chefs d’inculpation liés au terrorisme, incluant la conspiration pour assassiner le président égyptien Moubarak, la tentative d’attaquer une installation militaire américaine et la conspiration pour mener des attentats à la bombe.

[2] Al-Misriyyoun (Egypte), 20 février 2017.

[3] Al-ta’ifa al-mumtani’ah est une expression du droit islamique signifiant “la secte de l’abstinence”, en référence aux musulmans qui s’abstiennent de respecter les commandements essentiels de l’islam et doivent par conséquent être combattus jusqu’à la mort. En 1981, après l’assassinat de Sadate et l’attentat contre le quartier général des renseignements et les postes de police d’Asyout, au cours desquels 120 soldats et officiers ont été tués – tous deux perpétrés par la Gamaa Al-Islamiyya – les dirigeants de la Gamaa Al-Islamiyya Essam Derbala et Essam Abd Al-Maged, tous deux impliqués dans l’attentat d’Asyout, ont publié un ouvrage intitulé La secte de l’abstinence, expliquant qu’il était permis de combattre et de tuer les soldats et policiers musulmans. Selon des informations, cheikh Omar Abd Al-Rahman n’était pas d’accord avec cet ouvrage et l’a critiqué ; toutefois, les auteurs ont dissimulé à leur mouvement la position du cheikh.Derbala et Abd Al-Maged, qui faisaient partie des dirigeants de la Gamaa Al-Islamiyya, ont été arrêtés en 1981 pour leur implication dans l’attentat d’Asyout et l’assassinat de Sadate. Ils ont passé 25 ans en prison et ont été libérés en 2006.
Il convient d’observer que depuis 1997, la Gamaa Al-Islamiyya a connu une évolution idéologique, et ses dirigeants ont proclamé leur abandon du terrorisme et publié des excuses pour les attentats commis. Ils ont adopté une idéologie de coexistence avec le régime  et oeuvrent pour condamner l’idéologie d’Al-Qaïda et combattre son influence parmi les musulmans.
Voir aussi : MEMRI Inquiry & Analysis n°309, The Al-Gama’a Al-Islamiyya Cessation of Violence: An Ideological Reversal, 22 décembre 2006.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

Deja tu Comentario

A fin de garantizar un intercambio de opiniones respetuoso e interesante, DiarioJudio.com se reserva el derecho a eliminar todos aquellos comentarios que puedan ser considerados difamatorios, vejatorios, insultantes, injuriantes o contrarios a las leyes a estas condiciones. Los comentarios no reflejan la opinión de DiarioJudio.com, sino la de los internautas, y son ellos los únicos responsables de las opiniones vertidas. No se admitirán comentarios con contenido racista, sexista, homófobo, discriminatorio por identidad de género o que insulten a las personas por su nacionalidad, sexo, religión, edad o cualquier tipo de discapacidad física o mental.


El tamaño máximo de subida de archivos: 300 MB. Puedes subir: imagen, audio, vídeo, documento, hoja de cálculo, interactivo, texto, archivo, código, otra. Los enlaces a YouTube, Facebook, Twitter y otros servicios insertados en el texto del comentario se incrustarán automáticamente. Suelta el archivo aquí

Artículos Relacionados: